Chapitre IV – L’église de l’Empire à nos jours

Après le Concordat, l’église de Juziers dépend du nouvel évêché de Versailles. Un expert constate «la vétusté de la charpente des combles et dévastations des couvertures, ainsi que des dégradations et lézardes des gros murs» ! Les restaurations d’urgence sont entreprises.
Les donations reprennent : Nicolas Bénard (bourgeois de Juziers) offre un autel dédié à la « Résurrection du Christ », aujourd’hui sous le vitrail de saint Vincent. Les paroissiens participent à la réparation du maître-autel.

La restauration de l’église.

C’est un heureux concours de circonstances qui facilitera une restauration complète de l’église.
Jules Baroche, ministre de l’Intérieur de Louis Napoléon Bonaparte en 1850, responsable des Monuments Historiques : « j’ai décidé que l’église de Juziers sera classée au rang des monuments de France ». L’architecte Garrez établit un état des travaux avec en urgence le drainage des fondations.
Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques s’intéresse à la restauration et à son financement.
L’architecte Garrez étant décédé, Antoine Godebœuf lui succède. En juillet 1853 le gros œuvre est restauré mais il reste beaucoup à faire. Le problème financier semble résolu : « au nom de l’Empereur »…
Mérimée continuera de demander des subventions …et l’Empire assumera !

Lettre de Mérimée appuyant le classement de l'église.
Plan Garrez (1850).

 

 

 

L’église restaurée, on se préoccupe de son embellissement : vitraux, mobilier, tableaux et maître-autel.
Les vitraux, œuvres de Ména et de Luçon, sont mis en place avant 1870, En 1964 les bas-côtés retrouvent leur aspect primitif, avec poutres apparentes et huit vitraux, œuvres de Gruber.
Grâce à une «quête à volonté» des paroissiens, en 1811 la cloche «Catherine-Joséphine», est installée dans le clocher ; elle sera électrifiée en 1968.

L’église aujourd’hui : se référer à la monographie de « Eglise Saint-Michel de Juziers » publiée en 2012 et à la section « Publication ».

L’église, jadis englobée dans le prieuré puis dans une propriété privée après la Révolution, est aujourd’hui visible sur son flanc sud depuis le jardin public et du centre du Bourg au nord. L’appareillage de la nef et des bas-côtés est très rustique et, suite aux restaurations du XIXe siècle, ne possède pas de corniche à modillons* à la base de la toiture, comme il en existe au transept et au chevet.

Les traces du transept primitif sont encore visibles à la base du clocher du XVIIIe siècle ; celui-ci n’occupe pas toute la surface du croisillon* et ne possède qu’une seule ouverture à la base, sur les deux prévues. Ce parti pris est commandé par la disposition intérieure, l’unique fenêtre est dans l’axe du croisillon sud.
Le flanc nord de l’édifice, visible depuis la cour du centre du Bourg, est en tout semblable à celui du sud. Il a toutes les caractéristiques de l’église romane. La belle masse du croisillon nord du transept ne laisse en rien soupçonner sa voûte d’ogives. C’est bien la preuve que cette reprise du XIIe siècle n’a pas touché la structure initiale, ni même la hauteur de la toiture dotée de modillons sculptés comme pour le chœur. Celui-ci, plus élevé que la nef, est beaucoup plus soigné avec l’emploi de pierres de taille et de modillons sculptés sur les tourelles d’angles et la corniche. De plus, les deux étages de fenêtres sont surmontés d’une archivolte* qui se continue sur le mur entre les contreforts, ils témoignent du soin apporté à cette partie de l’édifice. Des contreforts à ressauts* rythment tout le pourtour du chœur. Habituelle à l’époque romane, cette forme d’épaulement est encore en usage dans la première période du gothique, avant l’emploi de l’arc-boutant. En 2008 le chevet de l’église est toujours inclus dans une propriété privée.

Le cimetière.

L’ensevelissement des morts se fait jusqu’à la Révolution sous la juridiction de l’Eglise. Le cimetière est un lieu sacré : en 1509, «Jean Chappée de Juziers condamné à 40 sous d’amende parce qu’il a frappé quelqu’un d’un coup de couteau dans le cimetière du dit-lieu : et en raison de ce coup, le dit-cimetière a été déclaré pollué : 40 sous», et en 1522, pour une gifle donnée par un clerc dans le cimetière, l’amende s’élève à 10 sous.

Les inhumations se font parfois dans l’église : ecclésiastiques et notables sont répertoriés.
Qu’est-il advenu à la Révolution de toutes ces sépultures ?
On a découvert des sépultures d’époque mérovingienne dans le premier cimetière situé contre l’église.
Le cimetière actuel, situé entre la Seine et la route de Mantes a connu plusieurs extensions entraînant le recentrage de la grande croix. La morgue est construite en 1933 ; on y apposera la plaque commémorative à la mémoire des instituteurs morts pour la France.

Quelques monuments retiennent l’attention :
– celui dédié aux victimes de la catastrophe de 1907 élevé grâce à une souscription des Juziérois (cf. ch V, chapelle de la Sergenterie),
– le carré des militaires inauguré pour le 80ème anniversaire de l’armistice de 1918 regroupe six tombes de soldats tombés pour la patrie,
– la tombe de la famille Levieil-Bily est surmontée d’une colonne coiffée d’un bonnet phrygien,
– le caveau de la famille Langot décoré des insignes maçonniques, qu’il ne faut pas confondre avec les outils du maçon sculptés sur le tympan de la chapelle de la famille

Monument de la catastrophe de 1907.

 

Carré des militaires.
Tombe Levieil-Billy

 

Sépulture Langot.