Jadis, Juziers était constituée de hameaux reliés par des sentes sinuant entre les vignobles et les vergers. On en dénombrait sept dont celui du Bourg où se dressent le château du même nom ainsi que l’église, point central du village.
La rue de l’église était bordée de nombreux bâtiments. A la pointe de celle-ci, une auberge tenue par Guillaume Ozanne sous la Révolution, prendra le nom de « La tour d’Auvergne » un peu plus tard. Près de cette auberge, Maître Grimon tenait un office notarial situé à l’endroit de l’ex-restaurant « Les deux pigeons » puis Perfendie. Sur la gauche quelques fermes, un lavoir et une buvette aux différentes enseignes (Duchamp, Vacher-Duchamp, Debricon puis les Tilleuls) animaient ce lieu de passage.
Le début du XXe siècle voit la création de « l’école des champs » œuvre sociale qui accueillait des jeunes garçons de la ville pour leur apprendre
un métier agricole. A côté de ce bâtiment, la buvette, aujourd’hui transformée en appartements, était un lieu de rencontres
pour les promeneurs du dimanche qui s’installaient autour des petites tables sur la place des Tilleuls, à l’ombre des grands arbres : place
où étaient également célébrées les fêtes républicaines.
Et puis bien sûr il y a notre église ! Cette belle et noble dame du XIe siècle, témoin du passé. Pendant la période troublée de la Révolution, son sort est soumis aux fluctuations de l’histoire nationale. Sa démolition est envisagée puis annulée après avoir choisi le culte
de la déesse Raison dans ses murs. Un atelier de fabrication de salpêtre y est installé. La détérioration du monument, déjà mal en point, ne
pouvait que s’accentuer. Quelques fêtes liées au contexte historique s’y déroulèrent jusqu’à sa fermeture tandis que le presbytère établi au bas de la côte au curé deviendra « maison commune ». Bien après la tourmente, il s’installera au n°18 et sera transformé en logements
en 2012.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, quelques habitations occupaient la place de l’église. Après leur disparition, on pouvait apercevoir la petite prison et la ferme du château à l’angle de l’actuelle route départementale. Prosper Mérimée, inspecteur général aux Monuments Historiques, classera notre église en 1850. Elle retrouvera son usage après des travaux de rénovation.
Depuis 2002 la salle du Bourg a remplacé les anciennes écuries du château. Pour la petite histoire, la place des tilleuls, reconnue bien national depuis 1798 (décret toujours d’actualité), est surélevée depuis cette période par l’accumulation de résidus de terre apportés par
les habitants. Le salpêtre extrait de cette terre ainsi que de celle de l’église fermée au culte, était utilisé pour la poudre à canon, indispensable aux révolutionnaires.
De nos jours, les arbres ont grandi dans cette terre des Juziérois qui ont fait preuve de civisme en 1794. Autre histoire, autre période :
une rue bien bruyante ? En 1771, une ordonnance de police stipule qu’il est interdit de jeter « des pelotes de neige » et de faire du bruit près
de l’église. Aux cabaretiers de donner à boire en dehors des heures prescrites et de s’adonner aux jeux de hasard. Elle rappelle que pères et mères demeurent civilement garants et responsables des faits de leurs enfants et domestiques.
Un siècle plus tard, en 1906, Monsieur le Sous-Préfet rappelle à Monsieur le Maire que le garde-champêtre doit agir avec tact pour éviter de troubler la cérémonie religieuse.